
La proclamation des résultats de fin d’année scolaire 2024-2025 dans la Province du Maniema continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Au-delà de la joie des élèves promus, un grand malaise règne suite à la qualité jugée « honteuse » des bulletins distribués aux enfants.
Monsieur Crispin Muyololo Ndariloko, coordonnateur du Bureau des Inspecteurs des Droits de l’Homme (BIDH), est monté au créneau ce week-end pour dénoncer ce qu’il qualifie d’« humiliation provinciale organisée ».
« Les bulletins imprimés localement sont de très mauvaise qualité. Les écritures sont à peine lisibles, les couleurs sont ternes, le papier est fragile, et pourtant chaque élève a payé mille francs congolais pour l’obtenir, » a-t-il déclaré avec indignation avant d’ajouter : « Cela ternit gravement l’image du Maniema, non seulement en RDC, mais même au niveau continental. »
🔴 “ Une escroquerie généralisée ”
Pour Crispin Muyololo, ce problème des bulletins révèle un système d’escroquerie profondément enraciné dans la société congolaise.
« C’est un vol intelligent organisé à tous les niveaux. Aujourd’hui, ce ne sont plus seulement les ministres et députés qui sont escroqués. Même les élèves, même les hommes de Dieu, même la population démunie qui n’a rien sont victimes de cette escroquerie. C’est triste pour notre province, » a-t-il martelé, la voix pleine d’émotions.
Très remonté, il a haussé le ton :
« Ça c’est grave et c’est quelque chose que nous n’accepterons jamais. À ce niveau-là, ce sont les enfants des militaires qui sont des élèves, ceux des enseignants, des avocats et magistrats, médecins et infirmiers, des ministres, députés, directeurs généraux, ceux des personnes démunies qui n’ont rien, même ceux des gouverneurs ne sont pas épargnés. De manière intelligente, on est en train de nous appauvrir. »
Cet économiste de formation a ensuite révélé un calcul choquant :
« En moyenne, 180.000 élèves ont payé mille deux cent francs congolais chacun, destinés à l’achat de bulletins, dans les deux mille francs demandés au compte des frais scolaires. Où est donc parti tout cet argent ? »
💬 Indignation des parents et enseignants
Interrogé sur les responsabilités, il pointe directement les directions provinciales de l’éducation :
« Je demande aux directeurs de Maniema 1 et 2 de sortir de leur silence et d’expliquer à la population où est passé l’argent récolté. Pourquoi produire des bulletins qui font honte à nos enfants, alors qu’ils sont payés par les parents ? »
Des parents d’élèves rencontrés partagent le même sentiment. Monsieur Jean-Pierre Kitenge, père d’une élève de 5ème primaire, se dit choqué :
« J’ai payé mille francs pour un papier qui se déchire au moindre contact avec l’eau. Nous voulons que l’argent des parents serve réellement à imprimer de bons bulletins, car c’est un document officiel qui reste dans la vie d’un enfant. »
Même certains enseignants, sous couvert d’anonymat, confient leur malaise :
« Nous avons honte de signer ces bulletins qui ne reflètent pas la valeur de notre enseignement. Si l’État ne valorise pas l’image de l’école, qui le fera ? » s’interroge un enseignant du primaire à Kindu.
🔎 Comités de parents pointés du doigt
Dans son intervention, Crispin Muyololo s’est également interrogé sur le rôle des comités de parents :
« Depuis leur jeunesse, ils étaient présidents des comités de parents, et ils vieillissent en restant présidents. Des années et des années, ce sont toujours les mêmes figures qui ne font plus rien dans l’intérêt des parents. Ils ne suivent rien. C’est la société civile qui travaille à leur place. Eux, ils sont juste là pour cochonner l’argent des parents. »
Il conclut fermement :
« Je demande que tous ces anciens comités soient virés. »
📝 Un danger pour l’avenir éducatif
Pour plusieurs acteurs éducatifs et analystes contactés, cette situation risque de décrédibiliser l’ensemble du système éducatif du Maniema sur le plan national et africain. Comme le souligne un inspecteur provincial :
« Un bulletin n’est pas qu’un bout de papier, c’est un document qui consacre la réussite et l’évolution d’un élève. Si nous présentons de tels bulletins dans d’autres provinces ou pays, c’est la réputation du Maniema qui est directement affectée. »
Face à cette polémique grandissante, la population attend impatiemment une communication officielle et des mesures correctives urgentes avant la rentrée scolaire 2025-2026.
Pour la Rédaction ,
📞 +243998779099 / +243812315258 / +243890537691
✍️ Kaponda Médard Théophile
Rédacteur Malaikainfos
Laisser un commentaire