Maniema : vacciner contre le choléra ou construire des bornes fontaines ? La santé publique entre seringue et robinet.

La campagne nationale de vaccination contre le choléra bat son plein en République Démocratique du Congo, notamment dans la province du Maniema. Menée par la Division Provinciale de la Santé en collaboration avec des partenaires tels que l’OMS, l’UNICEF et GAVI, elle vise à protéger des millions de Congolais contre cette maladie hydrique meurtrière.

Cependant, cette initiative continue de susciter un vif débat au sein de la société civile. Parmi les voix les plus critiques figure celle de Crispin Muyololo Ndariloko, Coordonnateur du Bureau des Inspecteurs des Droits de l’Homme (BIDH). Depuis le lancement de la campagne, il ne cesse d’attirer l’attention des autorités et partenaires sur la cause réelle du choléra : le manque criant d’eau potable.

« Le vaccin est bon, mais un vaccin contre le choléra sans eau salubre, c’est comme une Égypte sans le Nil. Tout cela ressemble à un business à ciel ouvert. Chères organisations, la population a besoin de l’eau avant tout, car l’eau est une solution durable », a-t-il martelé encore ce jeudi à Kindu.

Déjà le 16 juillet, jour de son anniversaire, Crispin Muyololo exprimait sa profonde amertume :

« Je me pose mille et une questions en ce jour où je devrais être dans la joie de mon anniversaire. Voir des milliers de dollars mobilisés pour vacciner alors qu’avec cet argent on pouvait construire plusieurs bornes fontaines pour sauver durablement des vies me bouleverse profondément. La vaccination seule ne suffit pas. »

Pour lui, le choléra reste avant tout une maladie de la pauvreté et du manque d’accès à l’eau potable. Il rappelle que cette campagne ne pourra jamais éradiquer d’autres maladies hydriques telles que la bilharziose et les nombreuses diarrhées qui ravagent les villages.

Cependant, tout en critiquant les priorités des autorités, Monsieur Muyololo avait salué les efforts de certains partenaires tels qu’ENABEL, l’agence belge de développement, pour l’installation de plusieurs sources d’eau potable à travers le Maniema, soulageant ainsi de nombreuses communautés.

« Je félicite ENABEL qui, malgré des moyens limités, a contribué à installer des sources d’eau potable et à réduire les souffrances des populations locales. Cela prouve qu’il est possible d’agir efficacement », avait-il ajouté.

La réponse de la Division Provinciale de la Santé

Face à ces critiques répétées, la Division Provinciale de la Santé du Maniema a réagi. Selon Shabani Kyamuteba Georges, point focal choléra, la vaccination reste indispensable pour endiguer l’épidémie.

« Le problème de l’eau n’a pas de rapport direct avec le ministère de la Santé, mais plutôt avec la REGIDESO. Notre mission est de combattre les cas enregistrés et de protéger la population. Si le BIDH pense qu’il faut uniquement de l’eau potable, pourquoi à Kinshasa où la REGIDESO fonctionne, organise-t-on aussi la vaccination ? »

Il a précisé que l’épidémie a commencé dans la zone de santé de Kasongo avant de se propager dans d’autres, notamment Kunda, Alunguli, Kailo Ferekeni, Kampene et Punia, nécessitant une réponse rapide à travers la vaccination de masse.

Shabani Kyamuteba a également invité le coordonnateur de BIDH à consulter la Division avant toute déclaration publique. Il regrette que Crispin Muyololo reste silencieux sur d’autres fléaux majeurs comme les inondations récurrentes à Kindu, qui exposent également la population à des maladies hydriques.

« Dans nos messages, nous insistons toujours sur l’importance de traiter l’eau et de respecter l’hygiène. Mais le ministère de la Santé n’est pas habilité à financer la construction de sources d’eau potable », a-t-il rappelé.

Enfin, il a exhorté la population à suivre l’exemple des autorités provinciales qui se sont déjà fait vacciner, qualifiant la sortie médiatique de Crispin Muyololo d’« intervention ratée qui risque d’induire la population en erreur ».

Vers une solution durable

Pour Crispin Muyololo, la priorité demeure claire : garantir l’accès universel à l’eau potable afin d’en finir définitivement avec les maladies hydriques. Il conclut :

« Sans eau potable, aucune campagne de vaccination ne pourra éradiquer le choléra. La population a besoin d’eau avant tout. »

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Kaponda Médard Théophile , Rédacteur Malaikainffos ✍️

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